Barcelone
: la flamme Ronaldinho |
Arrivé en grandes
pompes cet été dans la capitale catalane, Ronaldinho n'a
pas mis longtemps à s'intégrer à sa nouvelle équipe
et déclenche les concerts de louanges parmi les observateurs proches
ou non du Barça. Oublié le PSG qu'il a quelque peu méprisé
en partant, Ronnie a d'autres défis à relever.
Enjeu du renouveau
Aurait-il finalement échoué
à Manchester United si le Barça n'avait pas été
agité par le vent des élections d'un nouveau président
? Joan Laporta en a cure en tout cas. Le nouveau dirigeant du FC Barcelone,
avocat charismatique, souhaitait dès le départ de son mandat
redonner à son club ses lettres de noblesses quelques peu enfouies
sous la poussière ces dernières années tant au niveau
européen qu'au niveau national. Mais avec des moyens limités,
encore qu'en Espagne, on n'a pas la même notion de la limite qu'en
France, Laporta se devait de recruter des stars, des vraies et ce, dans
un marché en pleine crise. Convoité par les plus grandes
écuries à différents moments, Ronnie a finalement
pris la direction de Barcelone, pour un transfert estimé à
30 millions d'euros et aura, à défaut d'une ligue des champions
pour briller, obtenu un salaire fortement revu à la hausse.
Laporta par ailleurs, déclare
qu'avec l'échec de la venue de Beckham, il n'a pas perdu au change
avec son nouveau brésilien comme il le dit par ailleurs sur le portail
internet de la BBC : "Beckham est un joueur génial et je pense
que le Barça était un meilleur club pour lui que le Real
mais je respecte sa décision, commence-t-il à dire, cependant,
nous avons eu la chance de recruter Ronaldinho à sa place, un joueur
magique qui deviendra le leader de notre club." L'enjeu est en effet
de taille pour le jeune président barcelonais qui aura pour principal
objectif de décrocher de nouveau la liga et de faire le meilleur
parcours possible en coupe de l'Uefa, où son club fait figure d'ogre
dans la compétition. Le pari Ronaldinho aura en tout cas été
déjà payant avec l'apport de 1.000 nouveaux "socios" en moins
de deux mois, prouvant le regain d'intérêt pour le mythique
club des blaugrana.
Des débuts ronaldinhesques...
Sur le papier, le nouveau
trident offensif du Barça fait frémir...Ronaldinho, Saviola,
Kluivert constituent en effet un trio d'attaque dès plus prometteurs.
Dans la réalité, Ronnie n'a pas encore trouvé la bonne
longueur d'onde avec ses partenaires même si il n'a pas peur de s'ériger
en véritable pourvoyeur de passes décisives : "mon travail
est de faire en sorte que Saviola et Kluivert marquent les buts, je m'efforcerai
au maximum pour ma part de leur faire de bonnes passes" déclarait-il
dans la presse espagnole de ce mercredi. Face à Albacete, l'ex-parisien
s'est démené pour sortir son équipe de la médiocrité
et lui permettre avec des coups du "sombrero" et des passes au millimètre
de s'imposer finalement 2-1 même si il n'est pas directement impliqué
dans les deux buts de la victoire. Si le fameux trident annoncé
n'est pas encore au point, la star brésilienne quant à elle,
n'a pas mis longtemps pour s'adapter à son nouvel environnement
et pour régaler les foules de ses fantastiques chevauchées
où il passe en revue les défenseurs adverses.
Le véritable successeur
de Rivaldo
Sur le terrain, Ronnie génère
ce que faisait il y a deux ans Rivaldo en rendant meilleur chaque ballon
touché, héritage que n'a pas su gérer et faire fructifier
Riquelme. Son premier but sous ses nouvelles couleurs est aussi important
que magnifique. Quel amateur de football n'a pas vu à la télé
cette frappe fantastique car venue d'ailleurs, se loger sèchement
après une course de près de trente mètres sous la
barre de l'infortuné gardien de Séville alors que le Barça
se dirigeait vers sa première défaite ? et au Camp Nou, s'il
vous plaît...De manière claire, Ronnie a reçu les commandes
de l'animation offensive du Barça, et pour le moment, il les gardent
avec fermeté. Pourtant, le génie brésilien ne s'estime
pas encore au top de sa forme : "j'espère m'améliorer
continuellement, dit-il, je ne suis pas encore à 100% même
si je me sens bien pour débuter cette saison". Mais, prévoyant
ou malicieux (les propriétaires de discothèques branchées
de Catalogne jugeront d'eux-mêmes...), Ronnie avertit qu'il pourrait
connaître des hauts et des bas : "le football est comme ça,
parfois tout se passe bien, d'autres fois, non". Simple mais clair. Reste
à savoir quel degré de liberté s'autorisera Ronnie,
car animé par l'envie de faire la fête sur le terrain, il
ne peut s'empêcher de la faire aussi en dehors. Comment son président
et son entraîneur prendront-ils ses excès (inévitables
?) dans ce domaine ?
Un véritable plébiscite
médiatique
Reconnu comme un génie
du ballon rond au Brésil et en France, les Espagnols, et notamment
leurs médias, n'ont pas tardé à faire l'unanimité
concernant les qualités de ce footballeur hors normes et la bonne
opération réalisée par Joan Laporta en le recrutant.
Et c'est un véritable tour de force. L'Espagne du football est en
comparaison de la France, nettement plus démesurée dans ses
propos et collectionne de nombreux journaux sportifs aux opinions les plus
tranchées les unes que les autres. Ainsi, on peut lire dans le journal
Sport que "Ronaldinho est un joueur bien meilleur que ce que pensaient
les gens à son arrivée, il a fait le spectacle, il a régalé
le public avec un coup du sombrero magique et a délivré des
passes qui auraient du s'avérer décisives", dans la Vanguardia,
journal généraliste catalan, on précise que le phénomène
n'est pas que spectaculaire : "le plus fort avec Ronaldinho, c'est que
tout ce qu'il fait est empreint de virtuosité et d'esthétisme,
mais qu'en plus, il y ajoute l'efficacité". Le Mundo Deportivo
pour sa part, préfère mettre en relief son potentiel : "le
Brésilien s'est davantage décalé sur le côté
gauche et a laissé entrevoir des détails impressionnants
de ses qualités footballistiques, bien que manquant de jus, il s'est
montré brillant par son apport". En Catalogne ou ailleurs, la
presse sportive ou non, s'est bien rendue compte qu'un nouveau "fenomeno"
avait débarqué dans la liga.
Une grande reconnaissance
sportive
Que Joan Laporta, son président
ou Franck Rijkaard, son entraîneur, se montrent élogieux à
son égard, n'a rien d'étonnant pour Ronnie mais il est difficile
de lui trouver un détracteur par ailleurs. Laissé sur le
carreau par les élections pour la gestion du club, l'ancien président
du Barça Gaspart, reconnaît la pertinence du recrutement du
Brésilien : "aucun supporter n'oubliera jamais la manière
avec laquelle Figo nous a quitté, le cas de Beckham est différent,
pour moi, Ronaldinho est meilleur que lui. En tout cas, ce que je souhaite,
c'est que le président actuel ne subisse pas ce que j'ai souffert."
Mais ce que Ronnie pourra retenir plus particulièrement, ce sont
les paroles du légendaire Eusébio : "sa rapide adaptation
à notre équipe et à notre football m'a surpris. On
parle réellement d'un grand joueur car il s'est adapté à
tout, aussi bien en dehors que sur le terrain, et je crois qu'il va aller
en s'améliorant. On le trouve plus détaché, plus confiant,
et à Albacete, il a fait des choses très importantes pour
l'équipe." Autant de propos susceptibles de lui mettre une pression
supplémentaire sur les épaules. Mais sa nonchalance, bien
connue du côté du PSG, semble traduire le fait que rien ne
peut vraiment le contrarier et qu'il ne vit la pression que de manière
positive.
C'est donc au tour de
la liga et au FC Barcelone de profiter des gris-gris et des tours de passe-passe
du magicien Ronaldinho. Ce dernier n'a pas attendu longtemps pour prouver
sa valeur et rassurer Laporta sur son choix de le recruter. Le président
du Barça devrait rapidement se dire que 30 millions d'euros pour
Ronnie, c'est cadeau...
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à cet article - Par Olivier Schvan
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